Chambre 408

En août 2024, j’étais dans les Balkans, et par hasard, en cherchant des spots photo sur Google Maps, je repère une énorme structure en béton sur le littoral. Intrigué, je me dis que ça commence à devenir intéressant. En creusant un peu, je découvre qu’il s’agit d’un hôtel en construction, abandonné depuis plusieurs années. Ni une, ni deux, je prends mon matériel photo et pars l’explorer.

Arrivé sur place, l’endroit est surprenant : l’hôtel est construit et incrusté à la falaise et surplombe une plage où un Beach club avec transats à 30 € et rosé pamplemousse côtoie des familles installées sur leurs serviettes, avec des enfants jouant dans les vaguelettes. Une fois à l’intérieur, l’étonnement continue : la construction semble s’être arrêtée hier, sans jamais avoir été achevée. L’édifice est immense, avec une topographie particulière. Le bâtiment compte une vingtaine d’étages, certains atteignant plus de huit mètres de haut. L’hôtel aurait dû être luxueux avec des suites offrant une vue sur mer, une piscine, des jacuzzis, plusieurs terrasses, des bars, un amphithéâtre extérieur, des restaurants, une salle de réunion, un cinéma, et bien plus encore. Ce qui frappe, c’est que plusieurs millions d’euros ont été investis dans ce bâtiment… sans qu’il n’ait jamais été utilisé.

Après plusieurs heures de déambulation dans l’hôtel, je reste stupéfait. En urbex ou exploration, il n’est pas rare de tomber sur des lieux extraordinaires abandonnés après usage, ou sur des chantiers en cours. Mais découvrir un lieu de cette envergure, à la fois inachevé et abandonné, est rare. La construction a été arrêtée du jour au lendemain à cause de problèmes contractuels et financiers, alors même que les travaux de finition avaient commencé : des lits, des volets et du matériel de cuisine étaient déjà installés.

Aujourd’hui, ce lieu est peu à peu devenu un paradis pour les graffeurs et subit l’érosion qui menace de le détruire. Pour moi, cet endroit incarne une forme d’anthropocène paysager : l’hôtel défigure totalement le paysage originel de cette plage, qu’on imagine idyllique. Mais en même temps, il crée un nouveau paysage, inquiétant et mystique, où la destruction du vivant prend une certaine esthétique. Par son inachèvement, ce lieu devient accessible à tous, sans distinction, et j’espère vous avoir partagé l’ensemble de ces considérations.

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Merci d’avoir pris le temps de découvrir une sélection de mes photos. N’hésitez pas à explorer le reste de mon portfolio !

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